Microcrédit communautaire : L’histoire d’une petite graine arrosée

En 2019, NINGANZA Gédéon, marié et père de deux enfants, a finalement vu naître le premier groupe d’Epargne et de Crédit dans  sa localité de  Burishi, en commune et province Bururi et y a adhéré. Burishi est une des sous-collines de Rukanda, la colline où s’est réalisé le projet « Eau, source de vie et développement à Bururi », à travers lequel la communauté a notamment bénéficié de l’accès à l’eau potable, de l’éducation à l’hygiène et à l’assainissement, et des activités sur le microcrédit communautaire. Le projet a été exécuté les années 2018-2020 par CASOBU et COPED-CARITAS Bururi avec l’appui de la Conférence Episcopale Italienne et AMU-Azione per Mondo Unito.

Burishi est situé dans les hautes montagnes surplombant Cangwe, un petit centre se trouvant également sur la colline Rukanda, non loin de la réserve naturelle de Bururi. Cangwe  est devenu le modèle dans les activités de microcrédit communautaire grâce au projet « Eau, source de vie et développement à Bururi » en 2019.  A cette époque, de 2019 à 2020, 23 groupes d’épargne et de crédit ont vu le jour avec l’objectif de se réunir, épargner et s’octroyer mutuellement des crédits. Grâce à ces crédits, des activités génératrices de revenus tournant autour de l’agriculture basée principalement sur la culture de manioc et de palmier à l’huile, l’élevage du petit et grand bétail, et le petit commerce. Cette activité a fait tâche d’huile et s’est vite propagée dans d’autres localités, notamment à Burishi.

 Les fruits de la petite  graine semée sont arrosés aujourd’hui à travers le projet REMA, un projet de Renforcement Economique des Ménages à travers la Microfinance Communautaire qui se réalise depuis août 2020 dans 6 provinces du pays, la province Bururi incluse. Grâce à la formation, l’encadrement et l’accompagnement au sein des groupes d’Epargne et de Crédit, les bénéficiaires ont compris qu’ils peuvent être moteurs de leur propre développement.

 NINGANZA Gédéon nous raconte l’expérience qu’ils sont en train de vivre sur le microcrédit communautaire au sein de leur groupe. « Tout a commencé à Cangwe. J’avais l’habitude de passer du temps à ce centre ; c’est là que j’ai appris l’existence des groupes d’Epargne et de Crédit. En voyant comment les autres faisaient, j’ai trouvé intéressant le projet. Je me suis dit que nous étions en train de rater une opportunité dans notre village. C’est ainsi que m’est venue l’idée d’en parler avec quelques-uns de mes amis.  De l’échange est née l’idée de mettre sur pied le premier groupe d’épargne et crédit à Burishi.

« Etre ensemble au sein du groupement d’Epargne et de crédit nous a beaucoup aidé, poursuit  Gédéon.  Le groupement est pour nous une opportunité de mettre en commun nos économies et de penser aux activités génératrices de revenus que nous pouvons réaliser en tant que groupe en plus des activités individuelles. Notre groupement s’appelle «Turwanyubunebwe», qui signifie luttons contre la paresse en Kirundi, la langue nationale. C’est le premier groupement à voir le jour au mois de juillet 2019. Aujourd’hui, il y a cinq groupements qui ont vu le jour plus tard. Nous étions au nombre de 25, nous épargnions de 1000 à 3000BIF la semaine, l’année suivante l’épargne totalisait entre  2000 et 6000BIF. Maintenant, avec nos épargnes, nous sommes à mesure d’avoir du crédit, de réaliser des activités et subvenir aux besoins de nos familles. C’est profitable pour tous les membres du groupe. »

Gédéon et son groupe d’épargne et de crédit à Burishi

« Il est arrivé des moments où, après avoir épargné et octroyé des crédits à qui le demande, il restait de l’argent dans la caisse. Avec cette situation, nous avons pensé à une astuce pour que l’argent reste en circulation. Nous nous sommes convenus de réaliser une activité collective et nous avons opté d’élever des vaches, des chèvres, des porcs et même des moutons. Beaucoup d’entre nous n’ont pas d’animaux domestiques (vaches, des chèvres, des porcs, etc.) dans leurs ménages. Une fois acheté, la vache, la chèvre, ou le porc est donné à tour de rôle à un membre du groupement suivant l’accord de tous. Nous analysons ensemble que la personne est à mesure ou non de prendre en charge l’animal domestique obtenu. Nous savons combien le fumier est essentiel pour les champs. Grâce à cet élevage, les membres ont non seulement du lait, du fumier mais aussi financent les autres activités du groupe quand l’animal domestique est vendu. Actuellement, nous comptons au total 6 vaches, 3 porcs, 2 moutons et 1 chèvre sans compter leurs petits. »

NINGANZA Gédéon et son groupe ont aussi des aspirations pour l’avenir : « Avec le temps,  nous souhaiterions acquérir un moulin à manioc. Notre rêve est de réaliser,  grâce au microcrédit communautaire, une activité qui sera comme un héritage pour notre communauté, un témoignage parlant de l’expérience vécu dans ce groupe».

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