
Sans occupation, Niyonzima Jacqueline se sentait dévalorisée. Avec le travail précaire de son mari, ils parvenaient difficilement à se nourrir et à payer les frais de scolarité de ses enfants. En 2021, la découverte du microcrédit communautaire à travers le projet REMA la bouleversa. La participation de Niyonzima Jacqueline au groupe d’épargne et de crédit « Dufatanemunda » (Soyons Solidaires) a été une aventure qui a changé la vie de cette famille de la colline Mikuba en commune et province Kayanza.
Comment arriverons-nous à épargner alors que nous avons à peine de quoi manger ? La question avait tournée plusieurs fois dans sa tête. Depuis qu’elle avait participé à la sensibilisation à Murangara, son cœur battait pour le microcrédit communautaire. Murangara était le centre qui servait de lieu de rencontre pour les communautés venues de plusieurs collines pour les séances de sensibilisation sur le microcrédit communautaire. Le dernier jour de sensibilisation, elle était si excitée de rentrer à la maison pour raconter à son mari tout ce qu’elle avait entendu sur le microcrédit communautaire. L’aventure venait de commencer. Il fallait se concerter, a-t-elle dit, avant de décider de tenter l’aventure. La situation familiale était pénible. Avec le métier de porteur de marchandises, le mari de Jacqueline n’arrive pas à offrir à sa famille ce dont elle avait le plus besoin. Pour participer au groupe d’épargne et de crédit, il fallait avoir de l’argent à épargner. Malgré la situation familiale, Jacqueline était convaincu que c’est possible! Serrer les dents et se lancer dans l’aventure de microcrédit communautaire. Après concertation, Jacqueline a finalement intégré le groupe d’épargne et de crédit« Dufatanemunda ». Un pas en avant venait d’être franchi.
Le groupe d’épargne et de crédit fut un lieu de découverte et de formation. « Etre avec les autres au sein du groupe m’a ouvert l’esprit. Avec les échanges d’idées et expériences, j’ai compris que je peux moi aussi réaliser une activité qui peut générer des revenus. ». Après plusieurs jours d’épargnes, Jacqueline est arrivé à son désir : demander un crédit et réaliser une activité. Elle en avait tellement souhaité.

Jacqueline n’avait pas d’occupation particulière. « J’allais toquer aux portes d’autrui pour demander une tâche à réaliser, c’était souvent pour travailler aux champs. En échange, je pouvais recevoir de la nourriture». Elle aurait pu s’occuper des champs, mais leur ménage n’avait pas de terres cultivables. Cette situation la rendait malheureuse et se sentait dévalorisée. «Je me sentais inférieure aux autres. Je m’étais enfermée dans un monde à moi». Grâce à la formation et l’accompagnement via le projet de renforcement économique des ménages à travers la microfinance communautaire, Jacqueline a retrouvé sa confiance. Ainsi, elle a commencé à vendre des avocats. La vente a rapporté un bénéfice. Avec le premier bénéfice, Jacqueline a profité pour rembourser le crédit et acheter quelque chose pour la maison. « J’étais très contente de pouvoir rapporter du sel et de l’huile à la maison, on en avait toujours manqué pour la cuission».
L’aventure ne s’était pas arrêtée. Jacqueline a continué l’activité de vente les avocats. Au deuxième tour, elle n’a pas gagné comme elle l’avait imaginé. Toutefois, elle ne s’est pas découragée. « Je m’étais dit qu’il fallait faire de petits pas qui m’aideront à évoluer progressivement dans cette expérience ». Plus, elle participait au groupe d’épargne et de crédit, plus, elle avait une ouverture. Plus tard, Jacqueline s’est lancée aussi dans la vente des bananes. A la maison, c’était un soulagement. Grâce à la vente, elle pouvait acheter de quoi nourrir les enfants. A la rentrée scolaire, ils ont fait recours au groupe d’épargne et de crédit pour acheter le matériel scolaire des enfants. « Les enfants n’ont pas été chassés de l’école parce que j’ai pu payer à temps les frais scolaires ».
Les rêves, elle en a. Jacqueline aimerait un jour, grâce aux épargnes et crédits, louer un terrain. Avec son mari, ils aimeraient acquérir leur propre terre et pratiquer l’élevage de chèvres. « Nous voudrions aller plus loin, nous aimerions être soutenus pour arriver à une autre étape supérieure à celle où nous sommes à présent » nous a-t-elle confié. L’aventure de Jacqueline continue et trouve essence dans le soutien et l’accompagnement de CASOBU et AMU à travers le projet REMA.
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